Comprendre l’intercommunalité : une coopération obligatoire et précieuse

Avant de détailler la fonction de président, il faut revenir sur l’architecture même de l’intercommunalité. Sur le Blaisois, la structure la plus visible est la Communauté d’agglomération de Blois – également appelée Agglopolys – qui fédère depuis 2003, 43 communes autour de la ville-centre. Pour mémoire, le périmètre a été élargi en 2012, passant ainsi de 29 à 43 communes (source : Agglopolys.fr).

  • Population concernée (2024) : plus de 110 000 habitants.
  • Superficie : environ 835 km², soit plus de la moitié de la surface du département du Loir-et-Cher.
  • Budget total 2023 de fonctionnement et d’investissement : autour de 118 millions d’euros (source : Rapport d'orientation budgétaire Agglopolys 2023).

L’intercommunalité, c’est l’outil moderne qui permet aux communes de s’unir pour gérer ensemble certains grands dossiers : mobilité, gestion des déchets, politique de l’eau, planification urbaine, développement économique, politique culturelle, transition écologique, etc.

Face à des défis qui dépassent le cadre d'une seule commune (logement, emploi, transport, environnement notamment), cette structure permet de mutualiser moyens financiers et compétences techniques, et d’offrir une continuité de service à tous les habitants, qu’ils vivent à Vineuil, Mont-près-Chambord, Saint-Gervais-la-Forêt ou bien sûr Blois.

Un bureau exécutif, une présidence centrale

Au cœur de ce dispositif, le président de l’intercommunalité endosse un rôle de pilotage stratégique et de représentation. Il est élu parmi les membres du conseil communautaire, regroupant les délégués de chacune des communes de l’agglomération (au total, 82 conseillers pour Agglopolys en 2024).

  • Durée du mandat : 6 ans (aligné sur le cycle municipal).
  • Mode d’élection : élection à bulletin secret par les conseillers communautaires, à la majorité absolue au premier tour.
  • Nombre de vice-présidents : 15 (pour Agglopolys), chacun chargé d’un domaine spécifique (enfance, transports, environnement, économie…).

Le président cumule des fonctions politiques, administratives et exécutives. Mais plus précisément, comment tout cela s'orchestre-t-il dans la pratique ?

Les compétences concrètes entre les mains de la présidence

En théorie comme en pratique, le président ne gouverne pas seul mais exerce une autorité déterminante autour de grands axes :

  • Préparation et exécution du budget : Le président a la main sur l’élaboration, la proposition et la mise en œuvre du budget communautaire, véritable colonne vertébrale de l’action intercommunale.
  • Gestion des services publics locaux : Les questions de collecte et traitement des déchets, mobilité urbaine et interurbaine (le fameux réseau Azalys), eau et assainissement ou petite enfance sont pilotées à son niveau, en lien étroit avec les vice-présidents concernés.
  • Signature des marchés publics et conventions : Le président préside les commissions d’appel d’offres, signe les marchés, délègue certains actes quotidiens d’administration à des agents de la collectivité.
  • Emblème et représentant : Il représente l’intercommunalité auprès de l’État, des collectivités régionales ou départementales, des partenaires économiques et associatifs, ainsi qu’auprès des habitants lors d’événements publics.
  • Projets structurants : Le président impulse et coordonne les grandes opérations d’aménagement : zones d’activités (notamment le Parc d’activités de la Saussaye), politique cyclable, rénovation urbaine (coeur de Blois, quartiers Monceau), projets culturels intercommunaux, etc.

L’une de ses forces – et parfois de ses difficultés – réside dans la capacité à créer du consensus entre des communes de tailles, d’intérêts ou d’histoires très différentes, du centre-ville de Blois au petit bourg de Montlivault.

Un calendrier chargé : rythmes et temps forts du mandat

La vie d’un président d’intercommunalité dans le Blésois ne ressemble à aucune semaine “type” bureaucratique. Voici quelques “temps forts” du mandat pour saisir la densité de l’agenda :

  • Conseils communautaires : En général 8 à 10 par an ; véritable parlement local, chaque séance dure plusieurs heures et se prépare minutieusement.
  • Réunions de bureau/préparation avec vice-présidents : Souvent hebdomadaires, elles servent à anticiper les projets et ajuster la gouvernance finement.
  • Commissions thématiques : Habitat, mobilité, transition écologique, économie, etc., mobilisent très régulièrement le président, notamment au moment des arbitrages ou du suivi des appels à projet.
  • Dialogue avec l’État, la Région, le Département : Régulier, notamment pour négocier des financements ou défendre le territoire sur des dossiers stratégiques (ex : ligne ferroviaire Blois-Tours, projets d’industrie, plan Vélo...).
  • Présence sur le terrain : Inaugurations, rencontres avec les citoyens, réunions publiques, commissions extra-municipales, visites d’entreprises ou d’associations… Ce n’est pas qu’un rôle de bureau !

À titre d’exemple, début 2023, la promotion du Schéma cyclable communautaire a mobilisé le président sur une dizaine de réunions publiques en moins de trois mois (source : La Nouvelle République).

Des enjeux très locaux, mais à portée nationale

Là où le rôle du président s’avère particulièrement stratégique dans le Blésois, c’est dans la capacité à adapter les grandes politiques nationales (loi Climat et Résilience, loi SRU sur le logement, programme France Relance, etc.) aux réalités d’un territoire marqué par la diversité urbaine-rurale. Quelques exemples concrets :

  • Mobilité : Le développement de l’offre de transport collectif Azalys (plus de 3,7 millions de voyages en 2022, source : Rapport Agence d’urbanisme) et des itinéraires cyclables, mais aussi la gestion du stationnement dans les pôles échanges.
  • Logement : Mise en œuvre du Plan local de l’habitat intercommunal (PLH), avec un objectif de livraison de plus de 700 logements par an entre 2020 et 2025, pour répondre à la pression démographique et aux besoins sociaux.
  • Déchets : Passage progressif à la tarification incitative sur 100 % du territoire d’ici 2026 (objectif national), nécessitant une vaste campagne d’information auprès des Blésois.
  • Tourisme : Soutien à la filière, gestion de équipements intercommunaux (Halle aux Grains, Maison de la Magie), et promotion du territoire sur la scène régionale.
  • Transition écologique : Objectif de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030 (Plan Climat-Air-Énergie Territorial adopté en 2019).

Président d’interco : un arbitre et un bâtisseur

Ce poste, souvent moins médiatisé que celui de maire, exige un équilibre subtil :

  • Porter et incarner l’intérêt communautaire sans basculer dans la prééminence de la ville-centre (Blois) au détriment des communes rurales.
  • Arbitrer, parfois au forceps, entre des investissements attendus de toutes parts (industrie, équipements sportifs ou culturels, accès aux soins, etc.).
  • Savoir expliquer et rendre compte aux habitants, dans une société toujours plus exigeante et désireuse de transparence.

À ce titre, dans le Blésois, la présidence gagne à s’appuyer sur une équipe solide, bien entourée (vice-présidents, direction générale des services), mais elle doit aussi entretenir un dialogue permanent avec les maires — lesquels siègent de droit au conseil communautaire.

L’ancrage local, une clé pour réussir

Longtemps cantonné à une image “technique”, ce mandat s’est politisé et ouvert à la société civile. Par exemple, la dernière mandature a mis en avant des concertations citoyennes élargies sur le Plan climat et l’habitat, avec la mise en place de conseils de développement ouvert aux habitants volontaires (près de 80 membres en 2024).

Côté histoire locale, on rappellera que la présidence d’Agglopolys alterne souvent entre figures connues du paysage politique loir-et-chérien, mais aussi de nouveaux profils issus du tissu économique ou associatif (source : archives La Nouvelle République).

Si le visage du président change à chaque élection, la fonction elle-même ne cesse d'absorber de nouveaux défis : pilotage de la transformation numérique, adaptation aux crises sanitaires et énergétiques, anticipation de la transition démographique, etc.

Les habitants, premiers bénéficiaires… et parfois premiers critiques !

Dans la vie quotidienne, l’action du président de l’intercommunalité se mesure à l’aune de services parfois très concrets :

  • Déploiement de nouvelles bornes de tri sélectif
  • Nouveaux circuits de bus et horaires adaptés aux lycéens
  • Soutien à l’emploi local à travers l’installation de PME sur des zones d’activités requalifiées
  • Agendas culturels mutualisés
  • Accompagnement aux démarches administratives dématérialisées

Mais la nouveauté, ces dix dernières années, c’est l’importance du dialogue citoyen dans l’agenda du président. Forums, questionnaires, appels à projets participatifs – autant de dispositifs désormais incontournables pour nourrir, corriger ou réorienter la politique intercommunale au plus près des attentes des Blésois d’aujourd’hui.

Vers de nouvelles perspectives pour le territoire blaisois

Le poste de président d’intercommunalité s’est imposé comme l’un des leviers majeurs pour modeler le quotidien — et l’avenir — du Blésois. Gestionnaire rigoureux, stratège, médiateur, ambassadeur du territoire : un profil caméléon, certes exigeant, mais devenu le trait d’union indispensable entre toutes les communes et leurs habitants. Reste à chaque mandature à trouver la juste mesure entre gestion, projet et innovation citoyenne, pour écrire ensemble la suite de l’histoire locale… et, qui sait, révéler le prochain grand projet collectif du Blaisois.

Sources principales : Agglopolys.fr, rapport d’orientation budgétaire 2023, La Nouvelle République, Agence d’urbanisme de l’agglomération de Blois, archives de la préfecture du Loir-et-Cher.

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