Unir les communes : comprendre l’intercommunalité dans le Blésois
L’intercommunalité ne date pas d’hier. Si l’idée existe depuis la fin du XIXe siècle, c’est dans les années 1990 que le Blésois a vraiment pris ce virage. Face à la montée des d...
La mairie incarne l’administration de la commune, la brique de base de la démocratie française. À Blois ou dans un village du Blaisois, elle est l’héritière directe des réformes de la Révolution française et du fameux découpage communal de 1789. Le département du Loir-et-Cher compte ainsi 267 communes (source : INSEE).
L’intercommunalité, elle, est bien plus récente. Elle émerge dans les années 1990, s’impose au début des années 2000 avec la loi Chevènement, et s’organise sous des formes diverses (communauté de communes, d’agglomération, urbaines…). Dans le Blésois, c’est la Communauté d’Agglomération de Blois "Agglopolys" qui joue ce rôle fédérateur pour 43 communes (source : Agglopolys).
À Blois, la mairie pilote, par exemple, 13 écoles publiques et gère directement plus de 200 hectares d’espaces verts municipaux (source : Ville de Blois).
Agglopolys collecte chaque année plus de 43 000 tonnes de déchets, finance la totalité du réseau Azalys fréquenté par près de 6 millions de voyageurs en 2022 (source : Agglopolys, rapport annuel) et pilote la création de zones d’activités (par exemple, le Parc du Prieuré à la Chaussée-Saint-Victor).
Même le maire de Blois, ville-centre du territoire, n’a pas la main sur tout ce qui se passe localement : la gestion des bus, les grandes zones d’activité économique, la politique de l’eau ou le ramassage des déchets relèvent désormais de la communauté d’agglomération.
Certaines décisions doivent ainsi faire l’objet de concertations : par exemple, un nouveau quartier à construire sur le territoire de La Chaussée-Saint-Victor associe la mairie, mais aussi Agglopolys pour les volets voirie, réseaux, transport ou développement durable.
Qu’est-ce que cette organisation change, très concrètement, pour les 106 000 habitants du territoire couvert par Agglopolys (source : INSEE 2022) ?
Régulièrement, la frontière entre mairie et intercommunalité suscite des interrogations, voire des débats. Certains maires de petites communes regrettent de perdre la main sur certains dossiers très locaux (“Parfois la gestion des déchets devient trop éloignée, les habitants s’en plaignent”, confiait récemment un maire rural lors d’un conseil). À l’inverse, des élus blésois soulignent que la mutualisation permet de réaliser “ce qu’aucune commune ne pourrait assumer seule”, de l’aréna de la Chausseé-Saint-Victor au transport à la demande dans les villages isolés.
Ces ajustements, parfois négociés lors des conseils communautaires ou dans les commissions spécifiques, conduisent à des compromis : par exemple, Agglopolys s’appuie souvent sur les mairies pour communiquer avec les habitants (affichage, relais d’information pratique, organisation d’ateliers collectifs…).
Le mouvement intercommunal est loin d’être achevé. Au fil des années, de nouvelles compétences ont été transférées vers l’échelon communautaire (mobilité, développement économique, gestion de l’eau…), mais cette évolution fait débat : certains plaident pour des mairies mieux armées, d’autres pour plus de coopération entre les 43 communes d’Agglopolys. L’État, quant à lui, pousse à la mutualisation pour optimiser les dépenses publiques et simplifier l’accès aux services. En 2023, 92 % des habitants d'Agglopolys se déclaraient satisfaits du service de collecte des déchets, mais moins de 45 % savaient précisément “qui fait quoi” entre leur mairie et l’agglomération (source : Baromètre Agglopolys 2023). Nul doute que l’information citoyenne est encore un défi et un enjeu local majeur pour la prochaine décennie.
Dans le Blésois, mieux distinguer l’action de la mairie et celle de l’intercommunalité, c’est aussi mieux s’impliquer, mieux dialoguer… et parfois, pouvoir défendre plus activement sa vision du territoire !