Un héritage local contre une coopération plus vaste : deux histoires imbriquées

La mairie incarne l’administration de la commune, la brique de base de la démocratie française. À Blois ou dans un village du Blaisois, elle est l’héritière directe des réformes de la Révolution française et du fameux découpage communal de 1789. Le département du Loir-et-Cher compte ainsi 267 communes (source : INSEE).

L’intercommunalité, elle, est bien plus récente. Elle émerge dans les années 1990, s’impose au début des années 2000 avec la loi Chevènement, et s’organise sous des formes diverses (communauté de communes, d’agglomération, urbaines…). Dans le Blésois, c’est la Communauté d’Agglomération de Blois "Agglopolys" qui joue ce rôle fédérateur pour 43 communes (source : Agglopolys).

  • La mairie : le “chez soi” institutionnel, incarnation de la proximité
  • L’intercommunalité : la coopération organisée, échelle adaptée pour penser “plus grand”

Des missions qui se complètent : qui fait quoi dans le Blésois ?

Mairie : services du quotidien, identité et proximité

  • Gestion de l’état civil (naissances, mariages, décès)
  • Gestion des écoles maternelles et élémentaires publiques
  • Entretien de voirie communale, espaces verts, cimetière
  • Délivrance des documents administratifs (cartes d’identité, passeports…)
  • Organisation de la vie associative, soutien aux initiatives locales
  • Police municipale et tranquillité communale

À Blois, la mairie pilote, par exemple, 13 écoles publiques et gère directement plus de 200 hectares d’espaces verts municipaux (source : Ville de Blois).

Intercommunalité : grands équipements, mobilité, développement durable

  • Gestion des transports urbains (bus Azalys, réseau train-bus, parkings relais…)
  • Gestion des déchets ménagers et collecte sélective
  • Voirie d’intérêt communautaire, pistes cyclables intercommunales
  • Actions économiques (aides aux entreprises, zones d’activité)
  • Habitat et politique du logement social
  • Gestion de certains équipements culturels et sportifs majeurs (Halle aux Grains, Maison de la Magie…)
  • Soutien à des projets d’aménagement du territoire (urbanisme, environnement)

Agglopolys collecte chaque année plus de 43 000 tonnes de déchets, finance la totalité du réseau Azalys fréquenté par près de 6 millions de voyageurs en 2022 (source : Agglopolys, rapport annuel) et pilote la création de zones d’activités (par exemple, le Parc du Prieuré à la Chaussée-Saint-Victor).

Le triangle décisionnel : élus, financements, et chaîne de responsabilités

Comment sont-ils élus ?

  • Au niveau communal, le maire et son conseil municipal sont élus directement au suffrage universel lors des élections municipales (tous les six ans).
  • Au niveau intercommunal, ce sont des conseillers communautaires : ils sont désignés parmi les élus municipaux, selon le mode de scrutin retenu, en fonction de la taille de chaque commune. À Blois, 26 conseillers communautaires siègent à Agglopolys au nom de la ville – sur 85 au total.

Qui paie quoi ?

  • La mairie : son budget vient des impôts locaux (taxe foncière, taxe d’habitation – pour les résidences secondaires –, contributions des habitants), des dotations de l’État et de recettes propres (droits, locations…)
  • L’intercommunalité : elle prélève également des impôts (la Cotisation Foncière des Entreprises, la taxe sur les ordures ménagères), reçoit des dotations, et gère un budget voté par le conseil communautaire. À titre d’exemple, le budget d’Agglopolys s’élèvait en 2023 à 144,4 millions d’euros (source : Agglopolys).

Où s’arrête le pouvoir du maire ?

Même le maire de Blois, ville-centre du territoire, n’a pas la main sur tout ce qui se passe localement : la gestion des bus, les grandes zones d’activité économique, la politique de l’eau ou le ramassage des déchets relèvent désormais de la communauté d’agglomération.

Certaines décisions doivent ainsi faire l’objet de concertations : par exemple, un nouveau quartier à construire sur le territoire de La Chaussée-Saint-Victor associe la mairie, mais aussi Agglopolys pour les volets voirie, réseaux, transport ou développement durable.

Changements concrets pour les habitants du Blésois

Qu’est-ce que cette organisation change, très concrètement, pour les 106 000 habitants du territoire couvert par Agglopolys (source : INSEE 2022) ?

  • Des services plus vastes… mais parfois plus anonymes : ramassage des bacs jaunes, abonnement au bus, subventions pour isoler sa maison relèvent désormais d’un guichet communautaire. Plus centralisé, parfois moins personnifié.
  • Des projets portés à l’échelle du territoire : création de pistes cyclables entre communes (exemple : la liaison Veuzain-sur-Loire – Blois), politique d’accueil économique, valorisation touristique à l’aide de la marque “Blésois Val de Loire”.
  • Des démarches qui s’entremêlent : une inscription à l’école se fait à la mairie, tandis que la réservation des transports scolaires relève de l’intercommunalité. Même chose pour les encombrants, gérés à l’échelle d’Agglopolys.
  • Un accès différencié à l’information : de plus en plus de sites web, de plateformes numériques (Agglopolys Connect), mais un maintien du “bouche à oreille” via le réseau communal, par les agents municipaux ou lors des réunions de quartier.

Points de friction et coopérations : témoignages d’élus locaux

Régulièrement, la frontière entre mairie et intercommunalité suscite des interrogations, voire des débats. Certains maires de petites communes regrettent de perdre la main sur certains dossiers très locaux (“Parfois la gestion des déchets devient trop éloignée, les habitants s’en plaignent”, confiait récemment un maire rural lors d’un conseil). À l’inverse, des élus blésois soulignent que la mutualisation permet de réaliser “ce qu’aucune commune ne pourrait assumer seule”, de l’aréna de la Chausseé-Saint-Victor au transport à la demande dans les villages isolés.

Ces ajustements, parfois négociés lors des conseils communautaires ou dans les commissions spécifiques, conduisent à des compromis : par exemple, Agglopolys s’appuie souvent sur les mairies pour communiquer avec les habitants (affichage, relais d’information pratique, organisation d’ateliers collectifs…).

Et demain ? Évolutions à venir et perspectives pour le Blésois

Le mouvement intercommunal est loin d’être achevé. Au fil des années, de nouvelles compétences ont été transférées vers l’échelon communautaire (mobilité, développement économique, gestion de l’eau…), mais cette évolution fait débat : certains plaident pour des mairies mieux armées, d’autres pour plus de coopération entre les 43 communes d’Agglopolys. L’État, quant à lui, pousse à la mutualisation pour optimiser les dépenses publiques et simplifier l’accès aux services. En 2023, 92 % des habitants d'Agglopolys se déclaraient satisfaits du service de collecte des déchets, mais moins de 45 % savaient précisément “qui fait quoi” entre leur mairie et l’agglomération (source : Baromètre Agglopolys 2023). Nul doute que l’information citoyenne est encore un défi et un enjeu local majeur pour la prochaine décennie.

Pour aller plus loin : comprendre pour participer

  • Site d'Agglopolys : pour les services communautaires, les budgets, les compétences, le conseil.
  • Sites des mairies du Blésois : pour les démarches “du quotidien” (état civil, écoles, vie associative, marchés…)
  • INSEE : pour toutes les données de population, la carte des communes et des conseils municipaux du Loir-et-Cher.
  • Lettre d’informations municipales : véritable passerelle entre les deux échelons, ces journaux sont souvent le reflet concret des chevauchements d’actions.

Dans le Blésois, mieux distinguer l’action de la mairie et celle de l’intercommunalité, c’est aussi mieux s’impliquer, mieux dialoguer… et parfois, pouvoir défendre plus activement sa vision du territoire !

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