Comprendre l’intercommunalité : un peu d’histoire, beaucoup de concret

Loin d’être un concept récent, la coopération entre communes remonte, en France, à la fin du XIX siècle. Il s’agissait alors de gérer des infrastructures dépassant le cadre de la paroisse ou du village. Il a fallu cependant attendre la loi Chevènement de 1999 pour que la coopération prenne la forme actuelle, la plus emblématique restant la communauté d’agglomération.

A Blois et dans sa couronne, ce sont les 43 communes regroupées sous la bannière d’Agglopolys, la Communauté d’agglomération de Blois, qui portent ce projet collectif. Cela concerne 107 000 habitants (source : Ville de Blois) sur près de 1 000 km² : autant dire que la mutualisation, ce n’est pas du flan pour les élus locaux.

De quoi s’occupent les intercommunalités ?

Pour que le quotidien blaisois soit fluide, propre, vivant et attractif, beaucoup de dossiers dépassant les frontières d’une seule commune sont traités « en famille ». L’Agglopolys exerce un ensemble de compétences dites « obligatoires » et « optionnelles », lesquelles ? Petit échantillon représentatif :

  • Déchets ménagers : La gestion des ordures, collecte, tri, traitement… Parce que personne ne souhaite voir les déchets s’amonceler au pied du château !
  • Transports en commun : Lignes Azalys, mobilité douce, accès adaptés — ces défis, le réseau de bus blésois, c’est Agglopolys.
  • Aménagement du territoire : Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUi), zones d’activités économiques, planification urbaine partagée.
  • Développement économique : Soutien à la création d’entreprises, accueil d’activités, valorisation du marché local (cf. la pépinière d'entreprises de la ZAC de la Quinière).
  • Politique de l’habitat : Programme Local de l’Habitat, rénovation énergétique, logement social coordonné.
  • Cultures et loisirs : Soutien au festival Mix’Terres, au réseau de médiathèques, à la scène nationale qui fait rayonner Blois bien au-delà du Loir-et-Cher.

Chacune de ces missions mobilise des agents, des élus, des budgets, dont l’efficacité repose largement sur la mutualisation. À l’échelle locale, c’est aussi une question de survie budgétaire : beaucoup de villages n’auraient pas les moyens de financer à eux seuls une déchèterie moderne ou une nouvelle ligne de bus.

Comment s’organise la gouvernance intercommunale ?

La gouvernance d’Agglopolys se veut à l’image du territoire : plurielle et collaborative. Voici comment cela fonctionne dans le Blésois :

  • Le conseil communautaire : Composé de 81 délégués (en 2024), répartis selon la population de chaque commune, il se réunit régulièrement à la Halle aux Grains de Blois ou dans les mairies du territoire.
  • Le bureau communautaire : Une sorte d’exécutif resserré, avec le président (le maire de Blois, Marc Gricourt, réélu à la tête d’Agglopolys en 2020), des vice-présidents et quelques membres supplémentaires.
  • Des commissions spécialisées : Elles préparent les décisions à venir sur les thématiques précises : mobilité, économie, transition écologique, culture...

Côté budget, Agglopolys affichait un budget principal de près de 120 millions d’euros en 2023 (source : Agglopolys), avec une part majeure venant des impôts locaux. Il s’agit donc d’une mécanique de solidarité — les communes plus dynamiques aident celles qui peinent, et réciproquement.

Des projets qui dépassent les frontières communales

Les effets concrets de la coopération sont parfois discrets, mais ils structurent notre cadre de vie. Quelques exemples pour illustrer comment l’action intercommunale se traduit, à l’échelle du Blésois :

  • La gestion des déchets et de la propreté : L’ouverture de l’écopôle de Blois-Bienvenu en 2019 a été un virage important : tri, valorisation, lutte contre le gaspillage alimentaire. Plus de 70% des déchets collectés sur le territoire sont valorisés, un taux rare pour un bassin de cette taille (source : Agglopolys, rapport 2022).
  • Des mobilités innovantes : Création d’Azalys, la régie des transports intercommunaux, développement des pistes cyclables (plus de 25 km ajoutés depuis 2015).
  • Habitat partagé : L’ouverture conjointe de logements aidés à Vineuil, Mer ou La Chaussée-Saint-Victor, coordonnée sur le plan intercommunal, permet de mieux répondre à la demande et d’éviter la saturation de Blois.
  • Projets culturels d’envergure : Quai Saint-Jean, sites patrimoniaux réhabilités, festivals, musées… autant de réalisations qui n’auraient sans doute pas vu le jour à l’échelle d’une seule commune.

La coopération version Blésois : atouts, défis et spécificités

Le Blésois ne ressemble pas à une grande métropole ni à une campagne isolée. Cette singularité influe sur sa coopération intercommunale :

  • Le tissu des villages : Sur les 43 communes de l’agglomération, seules deux dépassent les 10 000 habitants. Beaucoup en comptent moins de 1 000. Cela place les questions d’accès aux équipements, à la santé, aux commerces de proximité au cœur des débats.
  • Urbanité et ruralité : La mosaïque Blésoise doit gérer des intérêts parfois divergents entre les urbains de Blois et les villages de Sologne. Par exemple, le transport à la demande est devenu indispensable pour relier les bourgs les plus isolés à la ville-centre.
  • Un ancrage associatif fort : La vie associative, ancrée dans chaque commune, bénéficie du soutien intercommunal tout en animant la concertation : conseils de quartier, comités citoyens, projets participatifs.
  • Jeux d’équilibres pour les élus : S’allier sans effacer sa voix : la crainte d’être « avalé » par la ville-centre existe, mais la charte d’Agglopolys garantit l’autonomie de chaque commune sur ses priorités locales.

Petites histoires de terrain : anecdotes et réalisations

La coopération dans le Blésois se raconte aussi à travers quelques anecdotes significatives :

  • Quand les orages font des vagues : En 2021, lors d’un épisode orageux important, la réaction coordonnée des services intercommunaux (appui aux villages touchés, gestion des routes coupées) a souligné l’intérêt d’une vigilance et de moyens mutualisés entre communes.
  • Blois sans eaux usées… ou presque ! : La station d’épuration repensée d’Agglopolys, sur les bords du Cosson, a permis d’éviter plusieurs pollutions majeures. Elle dessert aujourd'hui plus de 60 000 personnes, preuve que certaines infrastructures ne connaissent pas de frontières.
  • La Sologne, cœur vert défendu : Grâce au Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT), adopté collectivement, l’urbanisation a été encadrée pour protéger les sites naturels emblématiques et éviter l’étalement urbain sauvage, tout cela via un dialogue intercommunal.

L’intercommunalité blésoise en chiffres clés

  • 43 communes membres d’Agglopolys
  • Superficie : 972 km²
  • Population : 107 000 habitants (2023, Insee)
  • Près de 1 500 agents travaillent sur des missions intercommunales
  • Budget annuel : environ 120 millions d’euros
  • Plus de 150 projets soutenus chaque année (mobilité, culture, développement durable, social, économie, etc.)
  • Répartition démographique : 1/3 des habitants vivent dans Blois, les autres dans des villages et petites villes

Sources : Insee, Agglopolys, Ville de Blois, Nouvelle République

Des évolutions et débats pour demain

L’intercommunalité blésoise, fruit de compromis et d’énergies multiples, est toujours en mouvement. Parmi les enjeux qui animent (et parfois agitent) le territoire :

  • Transitions écologiques : Le plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) adopté en 2022 fixe des objectifs ambitieux pour les énergies renouvelables, la mobilité partagée et l’isolation des bâtiments publics.
  • Solidarités sociales : Face au vieillissement de la population, le maintien des services pour tous les âges fait l’objet de débats, notamment sur l’offre de santé et les solutions anti-déserts médicaux.
  • Participation citoyenne : Le développement des budgets participatifs intercommunaux ou des ateliers de concertation, lancés à l’échelle d’Agglopolys, témoigne d’une volonté de rapprocher les instances de décision des habitants.
  • Attractivité économique : Soutenir l’installation de nouveaux commerces, artisans ou entreprises dans les villages, pour lutter contre la désertification, reste une priorité.

Coopérer, c’est faire ensemble sans forcément être d’accord sur tout. Au Blésois, cette alchimie continue d’écrire l’histoire quotidienne des communes, de Blois à Françay, de La Chaussée à Suèvres. Et demain ? Les débats ne manqueront pas, mais la dynamique existe — pour que, face aux défis, aucun village ne reste au bord du chemin, et qu’ensemble, la vie locale garde tout son éclat.

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