Ce que recouvre “l’intercommunalité” dans le Blésois

Avant de plonger dans les chiffres, une précision s’impose sur le périmètre. Dans le Blésois, la coopération intercommunale se cristallise principalement autour de la Communauté d’agglomération de Blois - Agglopolys. Créée en 2003, elle regroupe 43 communes (dont Blois, Vineuil, La Chaussée-Saint-Victor ou encore Mer), soit près de 110 000 habitants (source : Agglopolys).

  • Les compétences clés d’Agglopolys :
    • Transports en commun et mobilité durable
    • Gestion des déchets
    • Aménagement du territoire
    • Développement économique
    • Actions en faveur de l’environnement
    • Équipements culturels et sportifs
    • Politique de l’habitat

Les projets intercommunaux, ce sont donc aussi bien la rénovation de la Halle aux Grains, l’extension du réseau Azalys, la création de pôles d’activité économique, ou les travaux sur les pistes cyclables longeant la Loire.

Des budgets composés comme une mosaïque : origines des fonds

Le financement d’un projet intercommunal ne relève jamais d’une seule et même “caisse”. La plupart du temps, c’est un mélange – parfois complexe – de ressources :

  • Les recettes fiscales :
    • Fiscalité professionnelle unique (FPU) : taxe sur les entreprises, reversée à l’agglomération
    • Taxe foncière sur les propriétés bâties (en complément communal)
    • Taxe d’enlèvement des ordures ménagères
  • Les dotations de l’État :
    • Dotation Globale de Fonctionnement (DGF)
    • Dotation d’Équipement des Territoires Ruraux (DETR) pour certaines communes péricentrales
  • Les cofinancements européens et régionaux :
    • Fonds européens FEDER (par exemple pour la transition énergétique ou les mobilités douces)
    • Appels à projets de la Région Centre-Val de Loire
  • Les emprunts :
    • Recours à l’endettement pour des investissements lourds, sur validation du conseil d’agglomération
  • Partenariats publics/privés et mécénat :
    • Notamment sur les grands équipements culturels ou sportifs (exemple : rénovation partielle du Jeu de Paume)

En 2023, le budget d’Agglopolys s’élevait à près de 180 millions d’euros (source : rapport d’activité Agglopolys 2023), dont environ 50 millions consacrés à l’investissement. Ce chiffre, bien que conséquent pour une agglomération de cette taille, reste soumis à rude épreuve face à la montée des coûts énergétiques et à la raréfaction de certaines dotations de l’État.

La fabrique des projets : entre idées, plans de financement et arbitrages

Comment naît un projet intercommunal ?

Qu’il s’agisse d’une piscine à rénover, d’un espace numérique à lancer ou d’un bus à hydrogène à mettre sur les rails, la communauté d’agglomération suit un circuit précis :

  1. Identification du besoin ou du projet (souvent impulsé par les communes membres, parfois par une dynamique citoyenne associative, comme pour les ateliers de réparation vélo à Blois)
  2. Études de faisabilité financière, environnementale et sociale
  3. Élaboration du plan de financement : recherche des subventions, simulation d’emprunt, mobilisation de fonds propres. Plusieurs scénarios sont préparés selon les contributions potentielles de chaque partenaire.
  4. Validations successives (commissions, conseil communautaire, parfois consultation publique sur les grands projets)

Des cas concrets dans le Blésois

  • Le bus à haut niveau de service “Laser”, mis en circulation en 2022 :
    • Coût global : environ 18 M€
    • Sources de financement : 35 % subventions État (Plan de Relance et Transition énergétique), 15 % Région, 5 % Fonds européen FEDER, reste sur fonds propres et emprunt d’Agglopolys
  • Réhabilitation du canal d’Orléans (axe Blois – La Ferté-Saint-Aubin) :
    • Montant prévisionnel : 11 M€
    • Cofinancements : Région, Départements concernés, fonds européens Leader, mécénat de la Fondation du Patrimoine (pour la partie valorisation touristique)
  • Nouvelle aire de compostage collectif à la ZUP de Blois :
    • Financement : principalement sur fonds propres Agglopolys + appui technique et incitatif de l’ADEME

Les impôts locaux, nerf de la guerre ?

Pour de nombreux habitants, la question du coût réel de l’intercommunalité revient souvent. Si le mythe d’un “impôt spécial” circule parfois, il faut rappeler que :

  • La communauté d’agglomération prélève la taxe sur le foncier bâti et la fiscalité professionnelle à la place des communes, suivant une répartition négociée – c’est le système de la FPU évoqué plus haut.
  • Certains équipements restent à la charge des communes seules, d’autres relèvent du collectif (piscines, bibliothèques, crèches intercommunales…)
  • Chaque habitant verse indirectement, via l’impôt local, une part qui finance ces projets communs. En 2022, 30% des recettes d’Agglopolys venaient de la fiscalité locale (source : Rapport financier d’Agglopolys 2023).

Équité entre les communes : le débat toujours vif sur la “juste part”

Au cœur des séances du conseil communautaire, souvent feutrées mais animées, reviennent systématiquement les questions d’équité : une petite commune rurale profite-t-elle autant qu’une grosse bourgade ? Comment s’assurer que le budget “commun” ne privilégie pas que le centre urbain de Blois ?

  • Le principe de solidarité intercommunale : une part des recettes d’Agglopolys est consacrée au Fonds de Péréquation, destiné à financer des actions dans les communes à faibles ressources.
  • Chaque gros projet (piscine, réseau de transport Azalys, etc.) fait l’objet de négociations sur les apports/retombées pour chaque commune membre.
  • Des mécanismes de conventions permettent d’ajuster les financements pour que les petits villages ne soient pas oubliés.

Ce qui distingue le Blésois : Agglopolys s’est dotée d’un “Contrat de solidarité territoriale”, une enveloppe de 2,6 M€/an (2023) destinée uniquement aux projets issus des communes de moins de 2 000 habitants (source : Agglopolys.fr). C’est ainsi qu’on a vu naître des aires de jeux à Sambin ou des ateliers de transmission de savoir-faire à Montlivault, qui n’auraient pas vu le jour sans ce maillage d’aides mutualisées.

Quand l’Europe, la Région et les mécènes mettent la main à la poche

Étonnamment, beaucoup d’initiatives locales n’auraient jamais abouti sans une “cuisine” patiente autour des subventions externes. Le Blésois a habilement tiré parti de :

  • Fonds Européens :
    • Le programme FEDER sur la transition énergétique a contribué à l’isolation des bâtiments publics de Vineuil et au déploiement de bornes électriques à Blois.
    • Leader, ciblant le monde rural, soutient les initiatives agroécologiques à Herbault ou Averdon.
  • Le soutien régional :
    • Appels à projets “Petites villes de demain” et “Territoires d’innovation”.
    • Participation au financement du tiers-lieu La Fabrique à Saint-Gervais-la-Forêt.
  • Mécénat et initiatives privées :
    • Fondation du Patrimoine, entreprises locales… Un exemple : la rénovation des vitraux de certaines églises du Loir-et-Cher.

Les défis et perspectives : concilier besoins de terrain et équilibre budgétaire

Le financement des projets intercommunaux dans le Blésois est soumis à plusieurs défis :

  • Pression sur la dépense publique : Baisse des dotations étatiques, coûts croissants des matières premières, inflation énergétique.
  • Adaptation climatique : Investissements lourds dans la gestion des crues, la transition énergétique (parc Azalys, réseau de chaleur pour le quartier Quinière)
  • Nécessité de trouver de nouveaux leviers : mutualisation, appels à l’épargne citoyenne (prêt participatif local).

Dans ce contexte, la transparence budgétaire et la participation citoyenne prennent de l’importance, même si elles restent en chantier. Un premier pas : les budgets participatifs testés à Blois-Vienne et Cour-Cheverny, qui annoncent peut-être une démocratisation des choix d’investissement à l’échelle intercommunale.

Pour aller plus loin : comment suivre et s’impliquer ?

  • Consulter les rapports d’activité d’Agglopolys (site officiel), qui publient chaque année le détail des investissements et des financements par grands postes.
  • Participer aux réunions publiques ou ateliers de concertation (ils sont annoncés dans la presse locale ou sur les sites des mairies partenaires).
  • Poser des questions ou signaler des besoins via l’observatoire citoyen d’Agglopolys (dispositif en place depuis 2021).

Les projets intercommunaux sont souvent le reflet de nos choix collectifs – et de nos défis à relever ensemble. Dans le Blésois, la solidarité s’exprime aussi par la manière dont on construit, finance, puis partage les réalisations sur l’ensemble du territoire. Une mécanique parfois complexe, mais porteuse d’avenir, et qui fait du Blésois, tout sauf un territoire figé.

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