Unir les communes : comprendre l’intercommunalité dans le Blésois
L’intercommunalité ne date pas d’hier. Si l’idée existe depuis la fin du XIXe siècle, c’est dans les années 1990 que le Blésois a vraiment pris ce virage. Face à la montée des d...
Il suffit d’une promenade à travers le Blésois pour sentir à quel point la notion de « vivre ensemble » dépasse depuis longtemps les limites du simple panneau d’entrée de commune. La crispation sur la collecte des déchets, la question épineuse des transports, la gestion de l’eau ou encore le développement économique sont devenus, au fil des décennies, des questions de territoire, pas seulement de clocher.
Ce glissement vers une gouvernance partagée s’est accéléré à partir des années 1990, avec la loi Chevènement (12 juillet 1999) qui a favorisé la création des communautés de communes, d’agglomération ou urbaines (Vie publique). Aujourd’hui, le Blésois est structuré autour de la Communauté d’agglomération de Blois – Agglopolys, qui fédère pas moins de 43 communes, de Blois à Chailles, de La Chaussée-Saint-Victor à Saint-Gervais-la-Forêt.
La tendance est nette : beaucoup de compétences gérées autrefois par les maires ou leurs équipes sont progressivement passées sous le giron intercommunal. Mais pourquoi ce transfert, et quelles conséquences pour nos territoires ?
Le passage à une gestion intercommunale ne se fait pas en un bloc : il s’agit d’un processus, rythmé par les lois et parfois par les besoins pressants du quotidien. Voici les grandes familles de compétences déjà transférées (ou en passe de l’être) à Agglopolys, la principale intercommunalité du Blésois :
Chaque choix de transfert s’accompagne de négociations parfois longues, car il s’agit de trouver l’équilibre entre mutualisation des moyens et respect de l’identité locale.
Ce qui peut sembler, de prime abord, une simple question d’organisation administrative, est en réalité un profond changement d’échelle pour répondre à des enjeux bien réels :
À l’échelle du Blésois, ces mutations ne restent pas cantonnées aux salles du conseil communautaire. Elles se traduisent, chaque jour, par des services nouveaux ou améliorés :
Les habitants constatent parfois une certaine « perte de proximité » : la gestion des dossiers peut sembler plus lointaine. Mais, paradoxalement, les outils numériques mis en place (portails, applications, concertations en ligne) rapprochent l’intercommunalité du citoyen : la concertation autour du Plan Local d’Urbanisme intercommunal, c’est aussi ça, la vie démocratique locale revue et corrigée.
Les élus blésois échangent, parfois fortement, sur l’opportunité et le rythme de ces transferts. On se souvient du vif débat, en 2022, concernant l’intégration de la gestion de l’eau pluviale à l’échelle d’Agglopolys : certains maires ruraux craignaient de perdre la main sur des dossiers qu’ils estiment « au ras du quotidien », tandis que d’autres élus défendaient un meilleur service et une égalité de traitement sur l’ensemble du périmètre (source).
Le sentiment d’appartenance à une intercommunalité varie fortement. Les petites communes craignent parfois l’uniformisation, la dilution de leurs spécificités, tandis que les villes-centres plaident pour plus de cohérence et d’efficacité. En pratique, beaucoup d’initiatives visent à préserver la voix de chaque commune via la représentation au sein du conseil communautaire. À Blois, chaque maire siège, au moins ponctuellement, pour défendre les intérêts de sa commune.
La participation citoyenne, elle aussi, cherche son souffle nouveau. Les consultations sur l’avenir de la circulation, ou sur les Plans Climat Air-Énergie Territoriaux (PCAET), portent justement l’enjeu d’une intercommunalité plus à l’écoute.
Le transfert de compétences n’est ni un aboutissement, ni une baguette magique. L’avenir, pour le Blésois, pourrait bien s’écrire sur des lignes encore mouvantes :
Rien n’est gravé dans le marbre : l’intercommunalité est, dans le Blésois comme ailleurs, un laboratoire toujours en mouvement. Ce sont les habitants, les élus et les partenaires du territoire qui en inventent chaque jour la forme, pour que services, solidarité et identité ne soient jamais sacrifiés sur l’autel de la seule rationalité administrative.
L’intercommunalité, dans le Blésois comme ailleurs, ce sont des choix, des compromis, des tâtonnements. Elle reste, surtout, l’affaire de celles et ceux qui la vivent et la construisent. Les voix citoyennes sont donc les bienvenues pour enrichir et questionner ce modèle, à l’aune de vos propres expériences et attentes. Les histoires du quotidien écrivent la grande histoire du territoire !