Accessibilité : pourquoi ici, pourquoi maintenant ?

Si la loi du 11 février 2005 a posé le cadre législatif de l’égalité des droits et des chances pour les personnes en situation de handicap, les collectivités locales se sont longtemps retrouvées devant l’ampleur de la tâche. À Blois, où 21 % de la population est âgée de plus de 65 ans (source : INSEE, 2019), la question va bien au-delà du handicap stricto sensu. Vivre chez soi, circuler, accéder à l’école, au marché, au sport, à la culture... L’accessibilité touche toutes les générations, et les attentes montent : en 2022, selon une enquête municipale, près de la moitié des Blaisois·e·s considéraient ce sujet comme « prioritaire » pour les années à venir.

Réaménager la ville : chantiers d’accessibilité dans l’espace public

Dans les rues de Blois, chaque trottoir rénové, chaque passage piéton abaissé n’est pas anodin. Depuis 2020, plus de 2 millions d’euros ont été investis par la Ville et l’Agglomération dans la mise en accessibilité de l’espace public (source : Ville de Blois). Voici quelques exemples :

  • Réfection des trottoirs: 8 km de cheminements piétons adaptés entre 2021 et 2023, dont la sécurisation autour des écoles (Quinière, Bourg-Moyen, etc.).
  • Feux sonores et balisages podotactiles : les 38 carrefours du centre-ville disposent aujourd’hui de dispositifs de guidage pour les malvoyants.
  • Signalétique adaptée : généralisation des caractères agrandis et des panneaux contrastés, aux abords des bâtiments publics, marchés de quartier et parkings.
  • Bords de Loire : création de quatre rampe d’accès PMR sur le quai Henri-Chavigny et l’escalier de la plage en 2023.

Néanmoins, la topographie blésoise complique parfois la tâche : ruelles en pente du centre ancien et marches nombreuses rallongent le calendrier ! À ce jour, 76 % des arrêts de bus du réseau Azalys sont accessibles, mais plusieurs points restent à traiter, notamment dans les faubourgs.

Transports collectifs et mobilités douces : lever les obstacles

Le réseau Azalys, opéré par Keolis Blois, a entrepris une évolution progressive pour intégrer toutes les dimensions de l’accessibilité. Cela passe par :

  • Modernisation de la flotte : depuis 2022, 95 % des bus sont à plancher surbaissé, facilitant l’accès aux fauteuils roulants, poussettes et seniors.
  • Voyageurs malentendants ou malvoyants : mise en place d’annonce vocale embarquée, écrans numériques pour les principaux arrêts et bouton d’appel pour demande d’assistance.
  • Service TPMR (« Transport de Personnes à Mobilité Réduite ») : gratuit pour les usagers titulaires d’une carte d’invalidité, sur réservation. Plus de 6 300 trajets pris en charge en 2023, soit +8 % par rapport à l’année précédente, selon Keolis Blois.
  • Vélos adaptés : partenariat avec l’association Handi Cap Evasion pour équiper la vélo-école municipale de modèles tricycles ou tandem. Une première dans le département du Loir-et-Cher.

Bâtiments publics et santé : audit, adaptations et accessibilité universelle

Les établissements recevant du public (ERP) – écoles, mairies annexes, maisons de quartier, équipements sportifs – sont désormais tenus à des diagnostics précis. À Blois, sur 90 ERP publics recensés, 74 sont aujourd’hui totalement ou partiellement accessibles, même si certaines écoles du centre ancien restent en chantier, études topographiques à l’appui (source : Blois.fr – agenda d’accessibilité 2023).

  • Nouveaux équipements : la Maison des Provinces et le pôle multi-accueil Quinière sont conçus dès l’origine selon les normes d’accessibilité (sanitaires, contrastes visuels, boucles magnétiques).
  • Vieilles pierres : la médiathèque Maurice-Genevoix et l’Hôtel de Ville, bâtiments historiques, ont été dotés d’ascenseurs adaptés. Il a fallu parfois travailler avec les architectes des monuments historiques pour concilier accessibilité et protection du patrimoine.
  • Soins de proximité : nouveaux cabinets médicaux, espace France Services avec salons d’accueil PMR, prise de rendez-vous simplifiée (plateforme Doctolib intégrant filtres accessibilité).

Cultiver l’inclusion : musées, cinémas, festivals et dispositifs innovants

Comment rendre la culture blésoise accessible au plus grand nombre ? La question est aussi prise à bras-le-corps par les acteurs associatifs et culturels du territoire.

  • Château Royal de Blois : prêt de fauteuils roulants, maquettes tactiles, audioguides en LSF, parcours spécifiques pour déficients visuels. Près de 2 000 visiteurs en situation de handicap accueillis en 2023 (source : Service Patrimoine de Blois).
  • Cinémas Les Lobis et Cap Ciné: séances en audiodescription, boucles magnétiques, sièges réservés. Cap Ciné propose aussi des séances « faciles à comprendre » pour public autiste ou porteur de handicap mental, une offre saluée par de nombreuses familles.
  • Médiathèque Maurice-Genevoix : fonds livres DYS, table-ronde annuelle sur le livre accessible, ateliers d’écriture adaptés.
  • Festivals locaux (BD Boum, Des Lyres d’Hiver) : programmation avec traduction en langue des signes, espaces d’accueil dédiés et bénévoles formés.

À côté de ces initiatives, certains projets innovants voient le jour, comme l’application « Guide Blois Access », lancée avec le soutien de la Caf et de la Ville, recensant en temps réel les lieux adaptés (toilettes accessibles, stationnement réservé, restaurants avec rampe amovible, etc.).

Le rôle clé des associations et du dialogue citoyen

L’accessibilité à Blois ne se construit pas dans des bureaux mais sur le terrain, à force de rencontres, de revendications, de tests grandeur nature. Une dizaine d’associations, dont l’APF France Handicap, l’UNADEV, Handi Cap 41 ou le Collectif Accessibilité Loire et Cher, participent aux commissions municipales, interviennent dans les collèges, organisent des « parcours découvertes » en fauteuil pour les élèves ou de la sensibilisation auprès des commerçants.

  • Campagnes d’affichage « Une ville pour tous » dans les vitrines du centre, depuis 2021.
  • Élaboration participative du Schéma Directeur d’Accessibilité 2023-2027, ouvert aux usagers et aux associations en ligne et lors de réunions publiques.
  • Signalisation temporaire lors des travaux : panneaux pédagogiques expliquant la démarche d’accessibilité, notamment rue du Bourg Neuf ou place Louis-XII.

La commission extra-municipale « Culture et Handicap », relancée en 2022, a ainsi permis d’identifier de nouveaux besoins (signalétique olfactive, communication en FALC – Facile à Lire et à Comprendre). Plusieurs de ces propositions devraient voir le jour dès 2024-2025.

Les écoles face aux défis : accessibilité et handicap chez les jeunes

L’école doit être un laboratoire de l’égalité. À Blois, 63 % des écoles publiques sont aujourd’hui totalement accessibles, mais le reste du parc souffre encore du manque d’ascenseurs, d’adaptations d’équipements sanitaires, ou de préaux non accessibles aux fauteuils. Entre 2019 et 2023, la Ville a investi 1,4 million d’euros dans la rénovation de 11 groupes scolaires, avec :

  • Places de stationnement PMR ajoutées devant chaque école centrale
  • Bacs à sable adaptés, jeux extérieurs inclusifs (balançoires adaptées) dans trois écoles pilotes
  • Mise à disposition d’AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap), chiffre en hausse : 122 AESH en poste dans le premier degré à la rentrée 2023 (source : Académie Orléans-Tours)
  • Sensibilisation annuelle des élèves avec le secteur associatif

Le lycée Augustin-Thierry a conduit un projet exemplaire de mise en accessibilité globale en 2022, incluant boucles à induction magnétique, ascenseur et signalétique sensorielle. Un modèle qui sert d’inspiration aux autres établissements du Blésois.

Innovations locales : cartographie participative et start-ups engagées

Au-delà des chantiers classiques, le Blésois s’ouvre aux solutions numériques et collaboratives :

  • Blois Access Map : carte interactive collaborative, lancée en 2022, régulièrement alimentée par les commerçants et habitants eux-mêmes : accessibilité immédiate par smartphone (en lien avec le projet national Acceslibre).
  • Sous-titrage en direct lors des conseils municipaux : validé en 2023 après test avec retour d’expérience d’associations locales.
  • Start-up Blésoises : l’entreprise iZi-Conseil déploie des balises connectées pour le guidage intérieur dans les établissements recevant du public, une technologie testée à la Maison des Provinces et en expérimentation au Château de Blois.

Perspectives : quelles ambitions à venir pour le territoire blésois ?

Si la ville de Blois et la communauté d’agglomération sont dans les temps pour leurs agendas d’accessibilité (délai national : 2024 pour les ERP), le sujet reste un chantier ouvert. Dans un contexte de population vieillissante, avec 25,4 % des habitants du Loir-et-Cher de plus de 60 ans (source : Insee), l’inclusion deviendra un atout stratégique. Les retours des usagers, la créativité associative et l’adaptation continue resteront les moteurs des prochaines années.

D’ailleurs, la dynamique locale inspire d’autres communes du Loir-et-Cher. Les prochaines étapes ? Générer une nouvelle carte « Accessibilité Culturelle et Sportive du Blésois », ouvrir davantage de logements sociaux adaptables, et continuer la sensibilisation auprès de l’ensemble des acteurs du territoire. Comme le résume un récent atelier de la commission municipale : « L’accessibilité, ce n’est pas cocher une case, c’est ouvrir la porte à la vie locale pour tous ! »

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