C’est dans la salle lambrissée de la mairie, sur les bancs installés parfois à la hâte dans des villages ou dans l’imposant hôtel de ville de Blois, que se décident chaque mois (ou presque) les questions qui façonnent notre quotidien. Mais que fait exactement ce conseil municipal et comment bat-il le pouls de la vie locale dans le Blésois ?
Avant de se plonger dans le concret, rappelons que la France compte près de 35 000 communes, du simple hameau à la grande ville. Chacune possède un conseil municipal : une assemblée d’élus au suffrage universel, au cœur de la décision publique locale (créé officiellement en 1831). C’est là que s’organise notre vie collective, à l’échelle du quartier, du bourg, ou de la ville.
Le Blésois, au cœur du Loir-et-Cher, comprend la ville préfecture, Blois (près de 47 000 habitants), et une myriade de communes voisines – Saint-Gervais-la-Forêt, Vineuil, La Chaussée-Saint-Victor, ou encore les villages ruraux du Perche et de la vallée de la Loire. Au total, le territoire de l’agglomération blésoise réunit 43 communes (Source : Agglopolys), autant de conseils municipaux différents par leur taille, leur “couleur”, mais similaires dans leur mission.
Tous élus au suffrage universel lors des municipales (dernières élections : 2020). Un chiffre marquant : dans le Loir-et-Cher, sur 267 communes, près de 40 % des conseils municipaux ont dû être complétés par de nouveaux candidats faute de listes complètes au premier tour (source : Préfecture du Loir-et-Cher).
Le conseil municipal, c’est la boussole de la commune. Voici ses attributions principales :
Côté anecdotes : c’est au conseil municipal de Vineuil qu’a été votée la création de l’Athanor, centre culturel aujourd’hui emblématique pour les concerts et spectacles familiaux du blésois (Ville de Vineuil).
Le conseil municipal se réunit au moins une fois par trimestre, souvent beaucoup plus (plus d’une dizaine de fois par an à Blois). Les réunions sont publiques, sauf cas particulier (huis clos). L’ordre du jour, défini par le maire, balaye les sujets à traiter. Les décisions, appelées délibérations, sont prises à la majorité.
Une séance type à Blois commence à 18h30 dans la magnifique salle du conseil de l’Hôtel de Ville, souvent suivie par quelques habitants ou journalistes locaux, curieux de voir “en direct” comment sont tranchés les dossiers qui leur tiennent à cœur. Pour chaque point :
Toutes les délibérations sont ensuite affichées à la mairie ou disponibles en ligne. À Blois, on diffuse même les séances en direct, permettant à chacun de suivre les débats (source : Ville de Blois). Une pratique de transparence qui gagne peu à peu les communes voisines.
Le conseil municipal compte des élus de tous horizons : retraités actifs, salariés, enseignants, commerçants, agriculteurs… Dans les petites communes, on est souvent conseiller ou adjoint “en plus” de son travail habituel. A Blois, près de 60 % des conseillers municipaux exercent une autre activité professionnelle en parallèle (source : Ville de Blois, données publiques).
Parmi eux, le maire, pivot du conseil. Il prépare les séances, exécute les décisions, représente la commune, de la signature des actes d’état civil à la coordination des services municipaux. Autour du maire, des adjoints et conseillers délégués : chacun suit un dossier, des finances à l’environnement.
Dans certaines villages, le maire fait quasiment tout lui-même, épaulé par deux ou trois adjoints. Une diversité et une implication « à taille humaine » saluée : le Loir-et-Cher figure parmi les départements où l’on compte le plus fort taux d’élus municipaux rapporté à la population (source : Institut National des Études Démographiques).
Si l’image des conseils municipaux est parfois celle de réunions “feutrées”, la réalité est bien différente. À Blois comme ailleurs, le débat est vif : majorité et opposition confrontent visions et arguments, à coups d’amendements, de questions écrites ou orales. Le fameux projet de vidéosurveillance, par exemple, a suscité d’intenses échanges et un vote serré lors du conseil blésois du 12 décembre 2022 (Source : La Nouvelle République).
Dans les villages, la proximité fait que les conseils municipaux sont aussi le reflet des relations humaines du bourg. On débat parfois longuement de la coupe des peupliers, d’un sens unique ou d’un terrain à vendre. Il n’est pas rare que quelques habitants assistent à la séance, voire interviennent lors des questions diverses.
De plus en plus, les habitants souhaitent comprendre, participer, voire peser dans les décisions. Certaines villes, comme Blois, diffusent en direct les conseils et publient les comptes-rendus détaillés. D’autres expérimentent les conseils municipaux des jeunes ou des enfants, à l’image de La Chaussée-Saint-Victor et Villebarou (source : La Nouvelle République).
La loi impose aussi la tenue annuelle d’un débat d’orientation budgétaire (DOB), où la mairie doit exposer ses choix à venir devant le conseil – et donc devant les citoyens. Une avancée vers plus de clarté, même si la participation reste très variable d’une commune à l’autre.
Si le conseil municipal décide de la vie communale, il coopère aussi avec l’intercommunalité. Sur le Blésois, il s’agit d’Agglopolys, la Communauté d’Agglomération de Blois, qui regroupe 43 communes de Mer à Chailles et gère ensemble certains grands dossiers : transports, déchets, développement économique, grands équipements. Les maires (ou leurs délégués) siègent aussi dans ces conseils élargis (Agglopolys).
L’articulation entre conseil municipal et agglo fait l’objet de négociations, parfois passionnantes, pour décider qui gère quoi : qui ramasse les poubelles, qui finance la rénovation d’une piscine, qui décide d’accueillir un nouveau parc d’activités…
Un détail méconnu : dans de nombreux villages du Blésois, les séances se terminent par le verre de l’amitié, une tradition chère aux habitants pour débattre plus librement autour d’un jus de pomme ou d’un verre de Cheverny.
Des budgets municipaux aux nouveaux quartiers, des débats sur la circulation à ceux sur les subventions aux associations, le conseil municipal continue de refléter les priorités, les tensions, mais aussi la richesse du tissu local blésois. Face à des défis nombreux (vieillissement des élus, participation souvent timide des jeunes, enjeux environnementaux et budgétaires croissants), ces assemblées restent la première scène du débat démocratique.
De Blois à Saint-Sulpice, la porte est toujours ouverte pour qui veut observer la fabrique du quotidien. La prochaine réunion d’un conseil municipal près de chez vous ? Un bon prétexte pour pousser la porte de la mairie, écouter, questionner, et peut-être, un jour, s’impliquer soi-même dans l’aventure collective.
Sources principales :